Jannah Roy est installée à Bali depuis quelques années. Elle y gagne petit à petit en sérénité, prend le temps d’évoluer, et confectionne des objets sublimés de matières nobles qu’elle chine aux quatre coins du monde. Ce que l’on aime chez elle c’est cette pudeur, cette sagesse qui donne le sentiment de déjà la connaître. Sur son chemin, beaucoup d’opportunités, de rencontres et de voyages, dont un qui marquera sa vie à jamais. Témoignage.
Jannah Roy, qui es-tu ?
J’ai 31 ans, je suis originaire d’un petit village du sud de la France où je suis restée jusqu’à mes 17 ans. Mes années dans le scoutisme m’ont beaucoup marqué et ont définitivement joué un rôle dans ma vie. Je passais toutes mes vacances à camper en forêt, en immersion totale avec la nature, j’ai appris à l’écouter et à m’en sortir avec ce qu’elle me fournissait… Quelques années plus tard, le métier de mannequin, que je pratique encore aujourd’hui, m’a poussé à déménager sur Paris qui est devenue au fil du temps ma “base”. Puis les opportunités professionnelles m’ont amené à New York, Los Angeles et Londres… Maintenant, je vis en Indonésie où un équilibre évident s’est imposé à moi.
Quelle est la source de cet équilibre ?
J’ai découvert “L’ile des Dieux” lors d’un voyage en sac à dos. Un véritable coup de cœur. Paysages splendides ornés de volcans, rizières en terrasses, une faune et une flore très riches, une existence entourée par la musique et les danses traditionnelles. C’est puissant, magique et très inspirant. Le mode de vie des balinais est tourné vers l’amour de la nature et l’art. J’ai immédiatement ressenti un sentiment familier. Ici, tout est en accord avec la personne que je suis vraiment. J’ai alors compris que je devais établir un lien plus profond avec cet endroit. Dès mon retour à Paris, impossible d’oublier ce voyage. Je devais y retourner, c’était devenu mon obsession.. Quelques mois plus tard, je rencontre l’homme qui deviendra mon mari. Il vivait depuis 17 ans à Bali… Le pouvoir de l’intention…
Comment t’adaptes-tu à cette nouvelle vie ?
Être en contact avec la nature vous montre à quel point vous faite partie d’un tout. Vous le percevez comme une évidence, le ressentez, vous commencez alors à vous poser des questions à grande échelle et à voir les choses sous un angle différent. Il y avait toujours quelque chose à faire dans les grandes villes et l’énergie est tellement intense qu’il est facile de s’oublier dans cette distraction. Paris est et restera mon amour, je la savoure deux fois plus quand je la visite à nouveau. L’Indonésie a eu sur moi « un effet miroir », je me suis confrontée à moi-même, c’était beau et douloureux à la fois. Au lieu de nier et fuir, j’ai décidé d’accepter et de changer. Je désapprends et me reprogramme ici, je me déconditionne et me connecte avec mon moi intérieur. Venir ici pour évoluer m’apparait maintenant comme une évidence.
« Mes pièces sont le dessin de mon évolution spirituelle, c’est ma manière de méditer et partager un message fort fondé sur l’amour de la nature »
Il y a quelque chose de sacré dans tes inspirations…
J’ai toujours été passionnée par la couture, la décoration d’intérieur mais aussi la métaphysique, la géométrie sacrée, l’Égypte Antique, le Japon ancestral, la culture amérindienne, les minéraux, les oiseaux … Tous ces sujets occupent la plupart de mes pensées. Les anciennes cultures tribales, les rituels et les cérémonies indigènes me fascinent. Ces personnes vivent près de la terre et sont des gardiens extraordinaires de l’écosystème par la conscience qu’ils ont de ce qui est nécessaire à leur survie. Mes pièces transmettent ce message, celui qui éveille un sentiment natif en vous et qui vous connecte à la terre et à l’univers. Un sentiment que nous connaissons tous, mais que nous avons oublié avec le temps.
Tes créations représentent un travail artisanal très minutieux, peux-tu nous murmurer les secrets de leur fabrication ?
Je travaille principalement avec de la laine Mérinos. J’aime le contraste que peut produire cette matière légère et imposante. Pour les pièces en bois, j’utilise du palissandre (taillé à la main) que je trouve ici à Bali. C’est un peu plus compliqué avec les plumes, celles-ci viennent du monde entier car je privilégie celles qui n’engagent pas de souffrance animale (les oiseaux muent une fois par an). Les quantités étant limitées, certaines de mes créations sont, de fait, des pièces uniques. Les plumes sont considérées comme protectrice chez les Amérindiens. Symbole de paix, elles sont des cadeaux du “grand esprit” faisant le lien entre ce monde et celui des esprits. En ce qui concerne mes éventails à fumigation, je travaille principalement avec l’argent, le laiton, les minéraux comme le Quartz provenant du Brésil.
Parle-nous de tes méthodes de purification
Chaque pièce est purifiée avant d’être envoyée. Le rituel de fumigation est accompagné d’un de mes éventails afin de pouvoir diriger la fumée. J’utilise pour cela certaines merveilles botaniques comme la sauge, la sauge blanche, le cèdre, le palo santo et de l’encens Frankincense. La sauge est utilisée depuis l’antiquité pour ses vertus médicinales, elle a toujours été très présente dans ma vie car elle pousse aussi dans le sud de la France. Le cèdre qui brûle chasse les énergies persistantes de l’espace, elle est un moyen de se libérer des mauvaises ondes. Le palo santo est un bois sacré d’Amérique du Sud qui, utilisé dans un but spirituel, chasse les énergies négatives et aide à dépasser les difficultés émotionnelles. La fumée de l’encens Frankincense est antibactérienne. Elle fournit une protection en éliminant l’énergie négative d’un espace, et crée une conscience spirituelle élevée.
Jannah Roy
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